Parlez-moi d'humour
Selon la thèse développée par Freud dans Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient (1905), l’humour, exactement comme les rêves, libère impunément nos pulsions les plus inavouables, sans que notre gendarme intérieur, le Surmoi, s’en offusque. Il permet d’exprimer, sans se salir les mains, ce qui ne peut être dit ou, pire, mis en actes – nos envies de meurtre, nos fantasmes sadomasochistes, notre mépris de l’autre sexe, etc.
Sans le rire libérateur, dit Freud, l’homme ne supporterait pas le carcan, les inhibitions, que suscite en permanence la société. Mieux vaut en rire ? Mais peut-on rire de la mort par exemple, l’intolérable absolu ? Oui… pour Freud, la capacité d’humour « sauve » de cet intolérable.
Le rire, en plus d’une valeur défensive, peut donc également se révéler libérateur de nos propres préoccupations et frustrations. Il peut donc permettre de détendre l’atmosphère et de prendre de la distance par rapport à des événements qui peuvent être vécus comme pénibles.
[1] L’humour est l’un des mécanismes de défense répertoriés par le DSM IV (American Psychiatric Association, 1995, p. 875) en tant que « processus psychologiques automatiques qui protègent l’individu de l’anxiété ou de la perception de dangers ou de facteurs de stress internes ou externes. » L’humour y est défini de la manière suivante : « Mécanisme par lequel le sujet répond aux conflits émotionnels ou aux facteurs de stress internes ou externes en faisant ressortir les aspects amusants ou ironiques du conflit ou des facteurs de stress. » (p. 880).