Julie Lacrampe

Pistes de Réflexion

Parlez-moi d’humour…

Selon la thèse développée par Freud dans Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient (1905), l’humour, exactement comme les rêves, libère impunément nos pulsions les plus inavouables, sans que notre gendarme intérieur, le Surmoi, s’en offusque. Il permet d’exprimer, sans se salir les mains, ce qui ne peut être dit ou, pire, mis en actes – nos envies de meurtre, nos fantasmes sadomasochistes, notre mépris de l’autre sexe, etc.

Sans le rire libérateur, dit Freud, l’homme ne supporterait pas le carcan, les inhibitions, que suscite en permanence la société. Mieux vaut en rire ? Mais peut-on rire de la mort par exemple, l’intolérable absolu ? Oui... pour Freud, la capacité d’humour « sauve » de cet intolérable.

Ainsi, l’effet désinhibiteur de l’humour facilite justement une transgression tolérée, engendrant par là un plaisir de la part de son auteur nécessitant aussi un plaisir réciproque et similaire dans son auditoire. Freud a remarqué que le sujet y a recours afin de faire ressortir d’une situation traumatisante les aspects qui portent le plus à en sourire voire à en rire. À ce titre, l’humour est considéré comme un mécanisme de défense1 important, certainement l’un des plus matures. En effet, la qualité défensive de l’humour, essentiellement d’ordre économique, consiste à épargner au sujet les effets douloureux de circonstances traumatisantes en employant le ton de la plaisanterie (par exemple, l’antiphrase est un procédé humoristique très courant), dans le but de réduire des tensions internes difficiles à supporter, conformément aux principes de plaisir-déplaisir.

Le rire, en plus d’une valeur défensive, peut donc également se révéler libérateur de nos propres préoccupations et frustrations. Il peut donc permettre de détendre l’atmosphère et de prendre de la distance par rapport à des événements qui peuvent être vécus comme pénibles.

1- L’humour est l’un des mécanismes de défense répertoriés par le DSM IV (American Psychiatric Association, 1995, p. 875) en tant que « processus psychologiques automatiques qui protègent l’individu de l’anxiété ou de la perception de dangers ou de facteurs de stress internes ou externes. » L’humour y est défini de la manière suivante : « Mécanisme par lequel le sujet répond aux conflits émotionnels ou aux facteurs de stress internes ou externes en faisant ressortir les aspects amusants ou ironiques du conflit ou des facteurs de stress. » (p. 880).

Julie LACRAMPE | Psychologue à Autun   Webmaster ©